Blog sur la nature et ses merveilles
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"La vallée qui chante " écrit par Elisabeth Goudge n'est plus édité depuis longtemps. C'est un livre merveilleux qui parle des esprits de la nature.
Je vais vous faire découvrir cette belle histoire..
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Au XVIIIe siècle, dans la ville de Hard, la petite Tabitha Silver a découvert "la vallée qui chante" c'est à deux pas de la ville, un paradis terrestre souterrain, peuplé de créatures fabuleuses, auquel la simplicité de l'enfance peut seule donner accès.
Au début de ce récit féérique et fantastique, la consternation règne dans le petit port de Hard où l'on doit abandonner, faute de crédits, la construction d'un magnifique navire.
Finalement, grâce à l'intercession de Tabitha et de quelques artisans au cœur simple, le peuple de la vallée viendra au secours de la ville et fournira au chantier naval tous les matériaux dont il a besoin.
Un récit merveilleux où chacun retrouvera, le temps d'une lecture, son âme d'enfant.
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Suite de l'histoire
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Menteur ! dit-elle à haute voix; et en baissant, elle ramassa une poignée de terre et la lança à toute à toute volée contre les vitres. Cette fois les rideaux s'écartèrent comme par magie, la fenêtre s'ouvrit violemment et Mr Peregrine, rouge de colère, pencha au dehors sa tête coiffée d'un bonnet de nuit à glands.
- Mille millions de crabes et de langoustes ! hurla t-il, que se passe t-il donc ?
- La rue du Bois est pleine de chênes, lui répondit Tabitha. Des chênes magnifiques ! venez voir.
- Du bois ? mais j'avais décommandé celui d'Onion. Quel sombre idiot !
- Ce n'est pas le bois de Sir Marmaduke Onion, riposta la petite fille, celui-ci est beaucoup plus beau. Il vient tout droit du Paradis terrestre. Venez voir !
- Et mon œil ! grogna Mr Peregrine. Passe ton chemin effrontée.
- Je ne bougerai pas d'ici avant que vous soyez venu voir ce bois !
Un second rideau s'écarta, une seconde fenêtre s'ouvrit et l'on vit apparaître le visage de Madame Peregrine, elle était coiffée d'un ravissant bonnet de mousseline et de dentelle, noué d'un ruban rose. Son petit visage déjà fané paraissait bien plus jeune sans rouge ni poudre; en fait, Madame Peregrine avait l'air si jeune que Tabitha en faut toute surprise. On ne lui aurait pas donné plus de quinze ans.
- Antoine, mon ami, demanda t-elle avec son petit accent français, d'où vient tout ce tapage ?
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- C'est la petite fille rousse de Simon Silver, cette vaurienne, qui me fait des contes à dormir debout au sujet du bois venu du paradis. Par ma perruque ! va t'en, Tabitha.
Tabitha regarda Madame Peregrine, elle en avait toujours eu un peu peur, tant celle-ci paraissait majestueuse avec son rouge, sa poudre, ses satins et ses dentelles, mais le bonnet de nuit n'avait rien de majestueux et Tabitha s'adressa, d'égale à égale, à la femme du maître d'œuvre.
- Venez voir, Madame, supplia t-elle. Il est arrivé quelque chose de merveilleux !
L'enfant sentit un corps tiède se presser contre ses jambes et, baissant les yeux aperçut Mignon qui regardait Madame en agitant la queue d'un air suppliant.
- Mignon est au courant, poursuivit la petite fille; Mignon vous demande de venir, venez tout de suite, Madame, avant que le Hard s'éveille.
- Mets ta perruque, Antoine dit Madame. Il faut que tu vienne aussi, puisque Mignon le veut.
Quittant sa fenêtre, elle s'en fut arracher Mr Peregrine à la sienne.
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Tabitha et Mignon firent le tour de la maison; en un rien de temps. Mr Peregrine, vêtu d'une robe de chambre en satin cramoisi et coiffé de sa perruque, fit son apparition avec Madame, enveloppée d'un manteau de fourrure, mais pourtant toujours son bonnet de nuit. Tous trois se mirent en route, Mignon bondissant autour d'eux. Comme ils débouchaient dans la rue du Bois, le soleil sortit d'un nuage et illumina les troncs aux belles couleurs; ils étaient si beaux que Mr Peregrine s'arrêta court, relevant à deux mains les pans de sa robe de chambre. C'était de ce bois qu'était fait le temple de Salomon; de ce bois qu'étaient faits les navires de Tarsis; de ce bois...
- Il ne ressemble pas du tout au bois de Sirr Marrmaduke Onion, remarqua Madame en roulant légèrement les r. Ce bois-ci est trrès joli.
- Au diable l'Onion ! grommela Mr Peregrine; il lâcha sa robe de chambre et posa sur le bois ses belles mains, comme Job l'avait fait tout à l'heure. Lui aussi s'y connaissait en qualité. Là où un autre n'aurait vu que des planches. Il distinguait de la force, de l'intégrité, du courage.
- Trrès joli ! quelle expression ! c'est du bois : cela dit tout. Job ! ajouta t-il en apercevant le suroît et l'habit rapiécé de Job, qui tâtait le bois à quelque pas de là; Job venait ici vieux gredin !
Job s'approcha du maître d'œuvre, la tête un peu penchée, son bonnet à la main.
- Par tous les requins du pacifique ! d'où vient ce bois ?
Job leva les yeux : à sa grande surprise, Tabitha lui trouva un air troublé; il tournait son suroît dans les mains avec gaucherie.
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- Je ne saurais le dire, monsieur, marmotta t-il
Tabitha ouvrait déjà la bouche pour protester contre ce mensonge, mais elle se hâta de la refermer. Job avait raison. Impossible de décrire l' Atelier : les gens n'en croiraient rien. Elle-même ne l'avait décrit à personne pas même à Job : elle s'était contentée de l'y conduire.
- Je pourrais vous y mener, dit-elle à Mr Peregrine.
- Où cela ?
- A la Vallée qui chante, d'où le bois nous est venu et d'où venaient aussi les primevères. Je vous ai promis hier que je vous y conduirais.
- Moi aussi, dit Madame, et Mignon. Nous irons en voiture.
- Pas un voiture, protesta Tabitha, mais dans la chaise avec le poney. Encore faudrait-il faire un bout de chemin à pied.
- Si marrcher il faut, marrcher je ferai. La Vallée qui chante ! quel nom ravissant !
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- Par ma perruque ! s'écria Mr Peregrine ! en se cramponnant au susdit objet, est-ce que je rêve ? ou suis-je devenu fou ?
- Il vous faut votre déjeuner, voilà tout dit Tabitha. C'est aujourd'hui samedi, jour de congé. Je viendrai vous chercher à 9 heures, Monsieur.
Elle fit une révérence à Madame, une autre au maître d'œuvre, embrassa Job et Mignon et s'en faut à toutes jambes vers son propre déjeuner.
Tout au fond de son cœur, Tabitha n'était pas aussi sûre d'elle qu'elle voulait le donner à croire. Tout en enfournant avec délices cuillerée de porridge à la cassonade, elle se rappelait que seuls sont admis dans l'Atelier les êtres qui ont gardé leur cœur d'enfant. Qu'avait donc dit Soisette, à propos de Job ? " il est humble, dénué d'hypocrisie, et il sait faire des choses."
- Papa, qu'est-ce que l'hypocrisie ? demanda t-elle tout à coup.
Simon Silver, qui engloutissait une énorme portion d'œufs au lard, manqua s'étrangler. Posant fourchette et couteau, il sortit d'un tiroir un vieux dictionnaire délabré.
- Je n'ai jamais été porté sur les études, annonça t-il. Et si je l'étais, je ne gaspillerais pas le temps du petit déjeuner à te donner des explications , tandis que les oeufs au lard demandent à être mangés. Cherche ça toi-même ma petite.
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- Finis d'abord ton porridge, Tabitha, commanda Mrs Silver, qui était assise, ronde et rose, derrière le couvre théière en forme de ruche; elle était fraîche comme une pâquerette, avec son bonnet blanc et sa robe couleur de lavande.
D'un dernier coup de cuillère, Tabitha racla son assiette, puis elle ouvrit son dictionnaire.
- Hypocrisie : simulation de vertu, lut-elle tout haut. Hypocrite, personne coupable d'hypocrisie. Maman qu'est-ce que cela veut dire, simulation de vertu ?
Mrs Silver fronça ses jolis sourcils.
- Eh bien ma chérie, si tu voulais faire croire que tu es une petite fille soigneuse, tu simulerais la vertu.
- Mais on n'a qu'à me regarder pour voir que je déchire toutes mes robes, objecta Tabitha.
- Il t'arrive parfois de rester propre cinq minutes, soupira sa mère.
Puis elle recouvra son sourire : elle aimait tendrement sa petite fille rousse et malicieuse, et celle-ci déployait depuis peu un zèle inaccoutumé pour l'étude. Mrs avait entendu dire que science et désordre vont toujours de pair.
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- Mr Peregrine et Madame ne simulent pas la vertu, dit Tabitha avec soulagement. Mr Peregrine n'essaie pas de faire croire qu'il a des tas de cheveux sous sa perruque, et Madame récite toujours au temple, le confession des péchés à très haute voix. Crois-tu qu'ils soient humbles ?
- Humble ? Madame ? s'écria Mrs Silver, orgueilleuse comme un paon, oui, avec ses grands airs.
- Le maître d'œuvre est humble, lui, dit Simon en se bourrant de pain beurré. C'est lui qui a crée le Hard, mais il ne s'en rend pas compte et nous en attribue tout le mérite. Je l'ai entendu de mes propres oreilles, dire dans une réunion de gens huppés : "Mes ouvriers sont de braves gens; si jamais homme fut intelligemment secondé, c'est bien moi." Et quand on a voulu le nommer baronet, il a refusé net." Pourquoi, maître ? lui ai-je demandé"; et il m'a répondu : " Je ne serai jamais baronet, Simon, tant que tu ne le seras pas, toi aussi."
- Si Mr Peregrine a créé le Hard, c'est qu'il est capable de faire des choses, remarqua Tabitha. Et Madame ?
- Elle fait de son chien un imbécile, riposta Mrs Silver.
- Avec les meilleures intentions du monde, j'en suis sûr ma chérie, remarqua doucement le forgeron.
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Tabitha se sentait intérieurement toute chavirée, quoi qu'elle mangea sa tartine de miel avec un calme apparent. Madame pourrait-elle jamais devenir assez petite pour franchir la porte basse ? Lorsqu'elle s'était penchée à la fenêtre elle avait eu l'air d'une jeune fille; mais une jeune fille n'est plus une enfant. Tabitha se dit qu'elle ne pouvait rien faire de plus que de tenter sa chance en gardant bon espoir. Ayant achevé sa tartine, elle se lécha les doigts.
- Ce matin, je vais me promener avec Madame et le maître d'œuvre, annonça t-elle tranquillement.
- Oh ! oh ! fit Simon
- Ce n'est pas joli de mentir, Tabitha dit sa mère d'un ton de reproche.
- Mais c'est très vrai ! est ce que je t'ai jamais menti ?
Ses parents la regardèrent, reprenant peu à peu leurs esprits.
- Non, petite, tu as raison, reconnut son père, mais que je sois pendu ! ... Il faut qu'ils se soient toqués de toi, toute routine que tu sois !
- A quelle heure, Tabitha ? s'inquiéta sa mère.
- Neuf heures.
Mrs Silver jeta un regard désespéré à la grosse horloge qui marquait 8h30. Elle se leva d'un bond et empoigna sa fille par le bras.
- Mais je suis propre, maman ! protesta Tabitha.
- Propre ! cria Mrs Silver en l'entraînant dans sa chambre. Avec tes souliers tachés de boue, "des grattons" plein ta robe, une toile d'araignée dans tes cheveux et ... qu'as-tu bien pu serrer sur ton cœur ?
- Des escargots, répondit honnêtement Tabitha : ainsi qu'elle l'avait fait remarquer à ses parents, elle ne mentait jamais.
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Elle eut un dur moment à passer, tandis que sa mère la récurait, la brossait et lui enfilait une robe de mousseline blanche toute neuve. Tabitha détestait cette robe à ruchés, ainsi que la ceinture bleue qui l'accompagnait et sa capote à rubans bleus. Elle se sentait toujours empruntée dans une robe neuve et ne pouvait imaginer vêtements moins appropriés pour une visite à l'Atelier où les lions circulent en liberté, où les Anges sonnent de la trompette, où le sommet neigeux des montagnes s'élève jusqu'aux cieux. Enfin peu importait, après tout. Tabitha se dit que son Ange l'aimait tout autant dans n'importe quelle robe et ce n'est pas Ariès qui se laisserait troubler par des ruchés.
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