Au milieu de nos sociétés, divisées par tant de préjugés, l'âme est dans une agitation continuelle.
Mais dans la solitude, elle dépose ces illusions étrangères qui la troublent ;
elle reprend le sentiment simple d'elle-même, de la nature et de son auteur.
Ainsi l'eau bourbeuse d'un torrent qui ravage les campagnes venant à se répandre dans quelque petit bassin écarté de son cours,
dépose ses vases au fond de son lit, reprend sa première limpidité et, redevenue transparente,
réfléchit, avec ses propres rivages, la verdure de la terre et la lumière des cieux.
La solitude rétablit aussi bien les harmonies du corps que celle de l'âme.
Paul et Virginie
[ Bernardin de Saint-Pierre ]