Blog sur la nature et ses merveilles
« C’est rare de ne pas avoir la liberté de sortir lorsque nous sommes fatigués de la relation avec les gens auprès de qui nous vivons », constate Thomas d’Ansembourg, spécialiste de la Communication NonViolente ©. A l’heure du confinement, même dans une grande maison, ce n’est pas évident de cohabiter. Forcés de partager le même toit, nous devons parfois réapprendre à vivre ensemble, et dans tous les cas, se côtoyer tous les jours, toute la journée. La promiscuité peut taper sur les nerfs…
Confinement ou non, respecter le territoire de chacun fait partie des règles de base du vivre-ensemble. Même à l’intérieur du domicile, qui est déjà un espace intime par rapport à l’espace public, chacun se construit son propre espace intime. Il s’agit généralement de la chambre, surtout pour les enfants, mais ce peut être un coin du salon, un espace-bureau… Il s’agit ainsi de signifier sa présence aux autres, mais aussi les limites à ne pas franchir. Le territoire de chacun fait partie de la construction de l’identité. En ces temps de doutes et d’incertitudes, s’appuyer sur cet espace connu et sécurisant est d’autant plus important.
Les deux tiers des Français vivent dans une maison, et selon les chiffres de l’INSEE, en 2013, 69,5 % occupaient des logements disposant d’au moins une pièce de plus que ce qui est défini statistiquement comme nécessaire à un ménage (le nombre de pièces dépend principalement de l’âge des membres du foyer et de leur état matrimonial). Mais malgré l’espace disponible, en cette période de confinement, il peut être difficile de réussir à s’isoler.
Car l’isolement n’est pas que physique, il est aussi mental. Si votre aîné écoute de la musique à fond dans sa chambre, porte fermée, il est peut-être seul et dans sa bulle, mais il empiète sur l’espace de chacun des autres membres de la famille, qui subissent sa musique… « On peut comparer le confinement à un long voyage sur un tout petit bateau, fait remarquer Thomas d’Ansembourg. Si tout le monde papote tout le temps, c’est extrêmement fatigant. Nous avons besoin de nous ménager des plages d’espace intérieur où l’on peut goûter du silence sans être dérangé. »
Organiser en famille le rythme de la journée apparaît donc comme la solution la plus simple et la plus efficace pour ménager tout le monde. « Quand il n’y a pas assez d’espace géographique, il est d’autant plus important de l’articuler avec l’organisation du temps dans la journée, confirme Brigitte Prot, psychopédagogue. L’idéal, c’est que les moments où chacun a besoin de se concentrer soient regroupés. Le silence s’impose naturellement pendant une tranche horaire. Puis la famille se retrouve pour un temps commun, comme un repas. »
Cependant, le silence ne doit pas être réservé uniquement aux temps de travail. Pour le bien-être psychique des co-confinés, il est important de prévoir des temps de silence spécifiques, indépendants des temps de travail : « on peut décider d’instaurer la sieste après le déjeuner, suggère Thomas d’Ansembourg. A ce moment-là, on peut lire, dormir, bronzer sur son balcon, méditer… Mais chacun dans son coin et en silence. Ça fait un bien considérable à tous ! ».
En effet, retranché dans sa bulle solitaire, chacun recharge ses batteries : « on accepte que chacun soit dans sa tanière, dans sa chambre, dans son coin, avec son casque sur les oreilles s’il le souhaite, sans échanger ni parler. Il s’agit tout simplement de se ressourcer ». Confinement ou non, les temps de silence en solitaire sont en réalité indispensables pour le cerveau, explique Michel Le Van Quyen dans son livre Cerveau et silence (Flammarion, 2019) Ils participent à notre bien-être, préservent notre santé et favorisent la créativité. On a donc tout à gagner à prendre dès à présent l’habitude de se réserver chaque jour des temps de silence.
Source psychologie.com