• Le fabuleux pouvoir de la courtoisie

    Le fabuleux pouvoir de la courtoisie

     

    Ce bel article de Catherine Charrier me touche beaucoup personnellement. Comme il est bon d'être entouré de gens polis, courtois et civilisés. Cela devient très rare aujourd'hui malheureusement......

    Je suis sortie du film de Wes Anderson, « The Grand Budapest Hôtel », avec un sourire émerveillé, béat. J’ai trouvé la raison de cet enchantement : au-delà des tribulations de l’improbable concierge, c’est sa courtoisie qui m’a charmée. Je venais de passer deux heures dans un bain de savoir-vivre, de politesse surannée, d’attentions exquises, et j’en voulais encore. Ces manières m’ont semblé venir de loin, de ce vieux continent, elles fleuraient bon l’histoire et la civilisation. J’ai voulu vérifier si cela existait encore.

    Me voilà donc sur le seuil d’un grand hôtel parisien. Et le miracle a eu lieu : la porte s’est ouverte sur le sourire du groom, une jeune femme élégante nous a devancés au bar, a installé un crochet de table pour y suspendre mon sac, trop ordinaire pour ce traitement privilégié. Deux petits chablis bien frais sont arrivés avec ce qu’il fallait de graines, d’olives. Geste souple du serveur, balancement du sac au-dessus du tapis épais, je me suis dit : quelle grâce, quelle chance ! Pas vraiment née bourgeoise, je n’en serai jamais blasée.  

    Le savoir-vivre me semble un héritage précieux. Nous ne savons pas bien quoi en faire aujourd’hui. Chronophage, dispendieux, désuet, il se glisse mal dans l’époque. Ce quelque chose nous vient peut-être des vieux palais européens – Venise, Versailles, Madrid, Londres, Schönbrunn… – où il y avait tant de politique et de conflits dans l’air qu’il fallait bien, pour ne pas mourir tout de suite, arrondir les angles, ourdir ses complots sous le manteau et, par-dessus, déployer ses charmes et raffiner son langage. Les bourgeoisies européennes des XIXe et XXXe siècles avaient assoupli les règles et récupéré l’essentiel : les belles manières, la politesse, un certain art de vivre, une aisance dans la relation. Tout cela a survécu tard dans l’Europe de Stefan Zweig, à qui est dédié le film. 

    Il suffit de regarder ailleurs pour s’apercevoir que ce savoir-vivre est unique et en voie de disparition. Cette façon de commercer avec l’autre, non obséquieuse, à la fois tenue et décontractée, cette connivence intelligente et discrète, où la trouve-t-on, où la pratique-t-on ? Ni au pays des cow-boys, ni dans l’empire du Milieu, ni dans l’internationale des geeks ou traders. Peut-être dans ce Japon dont nous saisissons mal les codes. Les Européens ne sont-ils pas dépositaires d’un legs qu’il faudrait emmener dans le futur ? Ce savoir-vivre, n’est-ce pas un cadeau que l’Europe peut encore faire au monde ? Un rempart contre la barbarie ? Dans la courtoisie, ce qui me plaît, ce n’est pas tant ce qu’on en obtient que le postulat de départ : l’autre est a priori respectable, et mérite des égards. Se présenter à lui sous son meilleur jour, gagner ainsi sa sympathie et, si elle ne vient pas, ne pas s’en offusquer outre-mesure. Comme principe de vie, cela se tient. Songez au nombre de fois où un mot poli, un geste de civilité, vous a sauvé. 

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