• Sortir de l'inhibition pour vivre libre

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    « Notre éducation nous apprend à nous soumettre sans rien dire, à ne choisir systématiquement que l’inhibition de l’action comme réaction, alors qu’il faudrait réagir plus activement pour prendre soin de nos besoins ! » Vu comme cela, ça peut paraître choquant et exagéré d’affirmer une telle chose. En théorie, l’éducation n’a-t-elle pas pour objectif de faire grandir, d’affranchir, de favoriser l’autonomie ? En théorie, oui.

    Mais dans la pratique, le système est organisé pour nous apprendre à nous soumettre. Dans la famille, à la garderie, à l’école, à l’église, dans la société civile, à l’armée, dans l’entreprise, à l’hôpital, nous avons appris à être le bébé sage, l’enfant obéissant, l’élève modèle, le croyant fidèle, le bon citoyen, le soldat discipliné, le collaborateur exemplaire, le patient soumis…

    De la naissance à la mort, on nous pousse à traverser l’existence sans faire de vague ni de bruit. Rester dans la matrice, ne pas se rebeller, ne rien déranger, tel est le destin tout tracé qui semble se dessiner devant nous.

    Ce qui est paradoxal, c’est que nous finissons par trouver ça normal, parce que ça constitue la norme pour la majorité d’entre nous, à divers degrés. Et tout est organisé pour nous ramener dans le droit chemin si, d’aventure, nous envisagions de sortir des sentiers battus. Comme le disait Alice Miller, l’être humain n’est ni éduqué ni élevé (au sens propre du terme), il est dressé, purement et simplement, comme un animal.

    Les conséquences, nous l’avons vu dans les deux articles précédents, peuvent être dramatiques. Car cette pédagogie noire, ce dressage, ce conditionnement nous précipitent dans une situation d’incompétence à prendre soin de nos besoins, en inhibant les réactions naturelles que nous devrions avoir pour rester en vie. Chaque fois qu’un blocage survient, nous nous éloignons de la vie… Car le mouvement, c’est la vie. Et la vie ne peut se maintenir qu’à travers un mouvement permanent, un équilibre dynamique…

     

    Réapprendre à vivre libre

    Premier enseignement : cultiver l’infidélité en tout domaine. Car ce n’est pas tant ce que nous avons subi de la part de nos éducateurs, de nos enseignants, de nos maîtres spirituels, de nos leaders qui est toxique.

    C’est notre fidélité inconditionnelle à ce dressage que nous avons reçu qui l’est ! Dans un de ses livres, Boris Cyrulnik montre avec une pertinence dérangeante que les enfants s’attachent à leurs bourreaux avec d’autant plus d’intensité qu’ils ont été maltraités par eux. Pourquoi ? Fondamentalement, parce que nous tenons d’autant plus à notre identité (même s’il s’agit d’une identité de victime ou d’abusé) qu’elle a été gravée profondément en nous.

    Autrement dit, plus nous avons été marqué, plus nous nous identifions à ce marquage, plus nous sommes attaché à ceux qui nous ont « offert » notre identité ! À l’âge adulte, cette fidélité malsaine peut prendre de multiples formes : soumission à toute forme d’autorité, psychorigidité, incapacité à prendre soin de soi, loyauté absolue à l’égard de la famille, de l’église, de la patrie…

    Un de mes amis médecins me confiait, il y a quelques années, que tous ses patients atteints de maladies graves avaient au moins une caractéristique en commun : aucun d’entre eux n’avait fait leur crise d’adolescence ! Aucun d’entre eux n’avait réussi à dire m… à leurs parents !.....................

    Deuxième enseignement : se donner la permission de poser des actes. Au cours de ma pratique de formateur d’adultes, je me suis rendu compte qu’une des choses qui nous manque le plus, c’est de reprendre le pouvoir sur notre propre vie. La majorité d’entre nous attendons que quelqu’un d’extérieur nous donne la permission d’agir, de parler, de bouger, de nous lever, de prendre des initiatives.

    Comme si nous étions encore à la maison ou à l’école, rongé par l’envie d’aller jouer ou d’aller faire pipi, mais attaché par des liens d’autant plus forts qu’ils étaient invisibles… Un des outils thérapeutiques les plus puissants que j’aie jamais enseigné est d’apprendre aux individus à se donner à eux-mêmes la permission de faire ce qu’ils sentent juste de faire, ce qu’ils sentent approprié de faire.

    Comme je le répète dans mon livre : prenez soin de vous, n’attendez pas que les autres le fassent ! Devenons un père pour nous-même ! Car c’est le père qui nous donne la mission (per-mission), la mission d’aller dans le monde pour apprendre à survivre par nous-même, en agissant, en Deuxième enseignement : se donner la permission de poser des actes. Au cours de ma pratique de formateur d’adultes, je me suis rendu compte qu’une des choses qui nous manque le plus, c’est de reprendre le pouvoir sur notre propre vie.

    La majorité d’entre nous attendons que quelqu’un d’extérieur nous donne la permission d’agir, de parler, de bouger, de nous lever, de prendre des initiatives. Comme si nous étions encore à la maison ou à l’école, rongé par l’envie d’aller jouer ou d’aller faire pipi, mais attaché par des liens d’autant plus forts qu’ils étaient invisibles… Un des outils thérapeutiques les plus puissants que j’aie jamais enseigné est d’apprendre aux individus à se donner à eux-mêmes la permission de faire ce qu’ils sentent juste de faire, ce qu’ils sentent approprié de faire.

    Comme je le répète dans mon livre : prenez soin de vous, n’attendez pas que les autres le fassent ! Devenons un père pour nous-même ! Car c’est le père qui nous donne la mission (per-mission), la mission d’aller dans le monde pour apprendre à survivre par nous-même, en agissant, en fuyant, en luttant ou en nous immobilisant…

    Troisième enseignement : apprendre à vivre nos émotions. Je reconnais bien volontiers qu’il n’est pas toujours facile d’être infidèle aux normes morales et sociales qui nous ont été imposées. Il n’est pas toujours possible de se donner la permission d’agir de manière adaptée dans une situation donnée.

    Dans ce cas, il nous reste au moins une porte de salut, pour rester malgré tout dans la fluidité du mouvement : c’est de vivre pleinement nos émotions. J’aime rappeler que le mot « émotion » vient du latin ex-movere qui signifie « bouger hors de ». En anglais, c’est encore plus évident : motion veut dire le mouvement… Autrement dit, une émotion, c’est fait pour bouger hors de nous, c’est fait pour s’exprimer.

    Or, tout mouvement, même émotionnel, met en danger l’ordre établi. Que ce soit à la maison, à la garderie, à l’école, à l’église, à l’armée, dans l’entreprise ou à l’hôpital, nulle part, nos émotions ne sont bien accueillies. Très tôt, nous avons donc appris à bloquer l’expression naturelle de nos colères, de nos tristesses, de nos peurs, de nos déceptions, de nos dépressions. Avec pour conséquence que nous nous transformons en cocotte-minute jusqu’à ce que la pression interne devienne trop élevée et se transforme en maladie…

    De cette analyse sommaire, il apparaît que sortir des inhibitions peut se faire à trois niveaux : au niveau de nos croyances (lâcher nos fidélités et loyautés inconditionnelles), de nos actions (se donner la permission d’agir) et de nos ressentis (accueillir et vivre nos émotions). C’est en accomplissant ce chemin initiatique que nous pourrons retrouver notre liberté, notre équilibre et notre santé. À vous de jouer, à présent !

    Extrait d'une article de JJ Crévecoeur dans Néosanté

    « La bonté transcendanteLa maison »
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