• Il était une fois... selon Disney

    Que reste-t-il des contes de fées transposés au cinéma par Walt Disney ? Comment les changements de scénario – du caractère des personnages à la morale finale – influencent-ils l’imaginaire des enfants ? Petite psychanalyse de cinq histoires emblématiques.

    Hélène Fresnel

     

    Il était une fois... selon Disney

    Tous les enfants connaissent l'’histoire de Blanche-Neige. À commencer par le jeune Walt Disney, dont la fascination pour le conte perdura à l’'âge adulte. En 1934, au bord de la faillite, il décide d’'en réaliser une version cinématographique. Cette adaptation le sauva financièrement, mais elle est très différente du texte restitué par les frères Grimm. Après le succès de ce dessin animé, sorti en 1937, suivront de nombreux films Disney, souvent bien affranchis des contes dont ils s'’inspirent. Dernier en date, La Reine des neiges (décembre 2013). Son scénario brode très librement à partir du canevas poétique du danois Andersen.

    Grâce au psychanalyste Bruno Bettelheim, auteur de Psychanalyse des contes de fées (Pocket, 1999), mais aussi à Carl Gustav Jung, nous savons que les contes participent à la construction psychique des êtres humains. Ils leur permettent d’'accéder aux « archétypes »  : une connaissance culturelle et inconsciente propre à chaque civilisation, des « images virtuelles », comme les définit Jung (In Dialectique du moi et de l'inconscient, Gallimard, Folio, 1986), que l'enfant se dessine petit à petit en fonction de ce qu'’il vit. Dans les archétypes, figurent par exemple le dragon, le roi, la grand-mère, la princesse, le vieux sage...… Ces personnages évoqués, développés, entretenus par les contes constituent des forces psychiques qui ont le pouvoir, assure Jung, de « saisir et d'émouvoir l'individu ».

    Alors que se passe-t-il quand des histoires ancestrales sont modifiées par l'animation ? Nous avons regardé les films et demandé à la psychanalyste Claire Delabare et à l'écrivain Pierre Péju (auteur de La Petite fille dans la forêt des contes, Robert Laffont, 2006) de nous éclairer sur les répercussions pour les enfants d'’histoires écrites puis adaptées au cinéma. S'’il n'est évidemment pas question de priver les petits de films qui les captivent, on peut aussi leur lire le conte, en parler ensemble. Et les laisser libres de rêver.

    Mon avis

    Quand j'étais enfant, j'étais particulièrement fascinée par les contes de Grimm et d’Andersen. Ces contes me faisaient rêver car je trouvais que les personnages étaient beaux et qu'ils avaient de belles attitudes qui pouvaient servir d'exemple.

     

    Le conte que je préfère est Cendrillon

    Il était une fois... selon Disney

     

    Il était une fois... selon Disney

     

     

    Il était une fois... selon DisneyCendrillon me paraissait être une jeune fille pure et bienveillante. Persécutée par sa belle-mère et ses 2 filles. Elle restait calme et sans rancune. Je trouvais qu'elle donnait un bel exemple. Je dirais qu'elle personnifiait des vertus qui pouvaient donner un exemple de vie aux enfants.

    Elle avait également un bon contact avec les animaux, le chien, les souris, les oiseaux. C'était aussi un exemple pour les enfants qui doivent se relier à la nature et aux animaux.

    Le mal était présent à travers la belle-mère et les sœurs mais il n'avait pas de prise sur elle étant donné sa pureté et sa disposition intérieure.

    Finalement le destin tourne en sa faveur puisqu'elle rencontre le prince charmant et qu'elle retrouve son rang et devient une princesse. La leçon à retirer dans ce conte c'est que sa belle attitude et le fait d'accepter son sort lui a permis d'attirer un sort meilleur, elle a bien vécu ce qu'elle avait à vivre et mérite de retrouver son prince charmant et de vivre comme une princesse.

    Il était une fois... selon DisneyIl y a également la fée qui représente l'aide et la protection de la Lumière et qui arrive pour la délivrer de la méchanceté de sa belle mère. Elle lui fait des cadeaux inattendus qui font basculer son destin.

    Je fais cette aparté bien que Cendrillon ne soit pas abordée dans cet article.

    V

     

    La Reine des Neiges : De l’ouverture au repli

    Ce que dit le conte d'Andersen : Deux éclats d'un miroir magique se fichent dans l’œil et le cœur de Kay, petit garçon pauvre. Cet ensorcellement lui fait voir « ce qu'’il y a de plus mauvais en chaque chose ». Il se fait enlever par la Reine des neiges. Gerda, fillette qui a grandi avec lui, part le délivrer. Ici, comme dans tous les contes, « remuent des êtres bizarres, apparaissent des situations fascinantes, inexplicables, et des devenirs sans finalité » selon Pierre Péju.

    Il était une fois... selon DisneyCe que dit Disney : Le jour du sacre de sa sœur Elsa, Anna tombe amoureuse du prince Hans. Le couronnement s'achève par la révélation du pouvoir d'Elsa qui glace tout quand elle ne se contrôle pas. Elle s'enfuit dans la montagne où elle devient la Reine des neiges. Anna part à sa recherche avec Kristof, jeune montagnard, Sven, son fidèle renne, et Olaf, un bonhomme de neige magique.

    Ce que cela change pour les enfants : Le texte d'’Andersen dégage une poésie et une fantaisie plus puissantes que les dessins standardisés du film, mais les deux visions se ressemblent sur quelques points : il s'agit de parler du bien et du mal et de faire vivre un périple initiatique à un personnage féminin innocent. Disney et Andersen insistent sur la fatalité qui frappe Elsa, prisonnière de ses pulsions, et Kay, envahi par sa part sombre. Seuls des gestes d'amour sincère peuvent les délivrer de leurs démons. Ce qui change dans le long-métrage, c'est que le geste d'’amour est accompli par une sœur pour l'autre, et non par un élément extérieur à la famille et de sexe opposé. Chez Andersen, il y a célébration de la différence, de l'extériorité : Gerda est une fille, Kay un garçon. Elle n'’a aucun lien de sang avec son petit ami et c'’est elle qui va le sauver. Là où Andersen ouvre la perspective, Disney a terminé par une valse entre les deux sœurs. Happy (modern) end !

     

    Mon avis :

    Je ne peux pas me prononcer sur ce conte qui ne m'a jamais fasciné.

     

    La Petite Sirène : De rêveuse à impulsive

    Ce que dit le conte d'’Andersen : C'est l'’histoire d'’une enfant sirène rêveuse vivant auprès de son père, le roi de la mer. Elle est fascinée par la vie sur terre, amoureuse d'un prince qui en épouse une autre. Elle a le cœur brisé, mais se sacrifie, meurt et rejoint le ciel.

    Il était une fois... selon DisneyCe que dit Disney : Jeune et très belle sirène, Ariel est également une péronnelle fascinée par le monde des humains. Elle s’éprend d’'un prince qui le lui rend bien. La vilaine sorcière qui fantasme sur le pouvoir du père d’Ariel et son trident, permet à l’'héroïne de se transformer en humaine, en échange de sa belle voix, et tente de lui ravir le prince avant d’'être démasquée et éventrée par la proue d’'un bateau conduit par ce dernier. Ariel l’'épouse ensuite dans la joie et la bonne humeur.

    Ce que cela change pour les enfants : Toute la souffrance et le sacrifice liés à un amour non partagé sont niés. La sirène, gentille fille naïve, ne peut être qu'’aimée du prince, et si les choses tournent mal, c’'est à cause d’'une vilaine grosse dame machiavélique qui veut absolument voler le pouvoir à un gentil monsieur et déclare : « Les vagues obéissent à mes moindres désirs. Le peuple de la mer plie devant mon pouvoir. Vive le naufrage de l’'amour ! » Conclusion : les « gentilles » filles trouvent toujours un mari, les méchantes castratrices seront punies et ne l’'emporteront pas au paradis. Toute la poésie et la beauté de l’'écriture d’'Andersen sont absentes du film. Ainsi, la petite sirène n’'est plus cette « singulière enfant silencieuse et réfléchie » ; le personnage de la grand-mère, archétype jungien s'’il en est et confidente de la petite, a disparu, de même que « l’'eau bleue comme les pétales du plus beau bleuet et transparente comme le plus pur cristal » et le soleil « comme une fleur pourpre ». Le rapport cosmique de l’'enfance au monde, à la nature, est totalement escamoté, alors que, note Pierre Péju, les contes sont, au même titre que la rêverie, « l’'occasion de voyages mentaux au cours desquels s’'abolissent les frontières entre l’'humain, l'’animal et le végétal, entre désirs et réalités.

    Mon avis :

    La petite sirène m'a toujours fait rêver. Elle m'apprenait que la mer n'était pas seulement une grand étendue d'eau remplie de poissons et de coquillages mais que le monde de la mer était peuplé de sirènes et de créatures qui constituées un monde que je ne connaissais pas car inconnu par les humains que nous sommes.

    Il était une fois... selon DisneyLa petite sirène était magique, rêveuse, d'un autre monde avec sa longue chevelure et sa queue de poisson. Elle semblait ne pas comprendre notre monde tout comme le sien nous est étranger.

    Il est vrai que Disney a cassé un peu le mythe en faisant intervenir dans son film des combats bien humains et qui ne font pas rêver !

    V

    Peter Pan : De triste à insouciant

    Ce que dit le roman de J.M. Barrie : Peter Pan ne sort pas d’un conte, mais d’une pièce, puis d’un roman de 1911. C’est l’histoire d’un « tragique petit orphelin » selon J.M. Barrie. Depuis, le héros a donné son nom à un syndrome qui, pour le grand public, désigne la peur de grandir et les adultes immatures.

    CIl était une fois... selon Disneye que dit Disney : Lutin volant, insouciant et facétieux qui ne veut pas devenir adulte, Peter Pan entraîne dans son pays imaginaire trois enfants qui croient en lui : la jeune préadolescente Wendy et ses deux frères. Ils sortent victorieux de leur combat contre le capitaine Crochet avant de rentrer chez eux. Après ce voyage, Wendy déclare à ses parents qu’elle est désormais prête à grandir.

    Ce que cela change pour les enfants : Le texte est imprégné de nostalgie, de mélancolie. Il rend compte de la cruauté de l’enfance et de la difficulté à en sortir. Dans le film, cette tristesse et cette noirceur sont gommées, comme si quitter l’enfance était facile. Au contraire, selon Barrie, se confronter aux difficultés de l’âge adulte est une tâche tellement compliquée que certains préfèrent y renoncer. Et les enfants ne sont pas de petits êtres bienveillants : ils sont cruels et égoïstes. Peter « supprime » les garçons « dès qu’ils semblent avoir grandi », écrit l’auteur. À la naissance de Wendy, les parents « se demandèrent s’ils pourraient la garder, car c’était une nouvelle bouche à nourrir », raconte aussi Barrie. De là à envisager de la perdre dans la forêt… Chez Disney, aucune trace de cette ambivalence parentale. D’ailleurs, Peter a lui aussi été « oublié » par sa mère, est-il précisé dans le roman. Disney préfère nous présenter « le monde merveilleux de l’enfance ». Nos enfants restent avec leurs angoisses sur les bras, mais le film est drôle, l’animation et le graphisme tellement brillants que Jean Cocteau les saluera à sa sortie.

    Mon avis :

    Je ne peux pas me prononcer sur ce conte qui ne m'a jamais fasciné.

     

    La Belle au Bois Dormant : De solitaire à dépendante

    Ce que dit le conte de Grimm : Un roi et une reine, après maintes difficultés, ont une belle petite fille. Mais pendant son baptême, une fée vexée d’avoir été oubliée lui jette un sort mortel, qu’une bonne fée transforme en long et profond sommeil dans lequel elle plonge à 15 ans. Cent ans après, un prince curieux voit la haie d’épines qui entourait le château se transformer en fleurs. Il y entre, et réveille la jeune fille d’un baiser.

    Il était une fois... selon DisneyCe que dit Disney : Le jour de son baptême, la princesse Aurore est promise au prince Philippe : leurs pères, rois, sont amis. Une fée nommée Maléfique lui jette un sort adouci par une autre fée. La princesse est cachée et élevée dans une cabane par ses trois marraines. Elle rencontre Philippe dans la forêt et chante : « Mon amour, je t’ai vu au milieu d’un rêve. » Mais Maléfique retrouve Aurore et la plonge dans un sommeil de cent ans en la faisant se piquer à un rouet. Le prince est emprisonné, puis combat et tue Maléfique transformée en dragon, avant de délivrer la princesse d’un baiser.

    Il était une fois... selon DisneyCe que cela change : Si l’on en croit Disney, les petites filles, puis les jeunes filles, n’ont qu’un seul objectif : trouver le prince charmant qu’elles ont croisé dans leurs rêves. Lui seul leur permettra d’échapper à la léthargie. Le conte original insiste, lui, sur cet « isolement narcissique », cette période transitoire de « repli sur soi […] qui ignore le reste du monde […] et dont sont exclues la connaissance et l’expérience de nouveaux sentiments », explique Bruno Bettelheim. Dans le film, ce stade de solitude où les jeunes filles ne pensent à personne en particulier n’existe pas réellement. Les adolescentes sont condamnées à rêvasser à l’amour et aux hommes. Comme s’il n’y avait rien d’autre d’exaltant dans l’existence… Un bon point toutefois : le style gothique choisi pour le film restitue parfaitement l’atmosphère de distance, de froideur glacée, d’attente cérémonieuse dans laquelle le château et l’héroïne sont plongés par la malédiction. Un parti pris artistique qui permet quelques échappées oniriques.

    Mon avis :

    La belle au bois dormant me faisait rêver. Tout d'abord, je trouvais que l'amour désintéressé des parents qui avaient tant attendu leur princesse était magnifique. Il préférait la confier aux bonnes fées que de la garder à leurs côtés jusqu'à l'âge de 16 ans.

    Les fées entourent la princesse d'amour tendre. Ils vivent simplement au milieu de la forêt mais la princesse qui est dans l'ignorance de son identité vit heureuse. Elle est l'amie des animaux, la forêt est pour elle un endroit merveilleux rempli d'amis. Cela montre aux enfants le lien que l'on peut avoir avec la nature et les animaux.

    Il était une fois... selon DisneyLa princesse est belle et elle a une voix merveilleuse. Puis elle rencontre le prince. Cela montre aux enfants, le destin, la sage providence qui fait que les amoureux se rencontrent. Cela peut inciter les enfants a faire confiance et inciter les jeunes filles à laisser venir les événements si elles veulent rencontrer le "prince charmant".

    Puis Maléfice intervient pour mettre sa vengeance à exécution. Mais le piège est déjoué par les 3 fées et surtout par l'amour du prince qui traverse beaucoup d'épreuves pour la retrouver.

    Dans ce conte je vois des vertus chez les parents qui ont un amour désintéressé, les fées qui ont un amour maternelle, le prince éprouve le véritable amour qui ne faiblit pas. Le contact avec la nature et les animaux.

     V

     

    Blanche Neige : De libre à passive  

    Ce que dit le conte de Grimm : Une reine cousant à sa fenêtre se pique et rêve d’avoir une enfant « aussi blanc que la neige, aussi vermeil que le sang et aussi noir de cheveux que l’ébène de cette fenêtre ! » S’ensuit une histoire qui, selon Bruno Bettelheim, narre symboliquement les difficultés pubertaires féminines, et selon Pierre Péju, les aventures d’une petite fille chassée de chez elle qui prend la tangente, rompt avec les normes de la société et prend congé pour un temps des futures obligations de sa condition féminine.

    Il était une fois... selon DisneyCe que dit Disney : Rien sur la symbolique du sang (la naissance, les règles) : Blanche-Neige se contente d’avoir des lèvres « rouges comme la rose ». Rien sur le désir de fuite, de vie sauvageonne des petites filles : Blanche-Neige est renvoyée à la prison de la féminité. Nous sommes en 1937 : la femme vue par Disney, jeune fille belle et passive, rêve au prince et devient la petite maman de sept nains, folle d’hygiène et de propreté.

    Ce que cela change pour les enfants : Le cadre est fixe et fixé, la femme attend. Pour Claire Delabare, « Disney propose une parfaite élaboration du masochisme féminin et prive l’enfant de la possibilité de liberté ». Liberté d’envisager un entre-deux entre la puberté, la conjugalité et la maternité. Les femmes aux fourneaux, les hommes au boulot ! Archétype ou cliché misogyne ? Adolf Hitler adorait le film et se passait en boucle toutes les scènes avec les nains… Reste toutefois quelques images inspirées par l’expressionnisme des années 1930 et cette scène de la main aux ongles crochus tendant la pomme de la tentation à Blanche-Neige. De quoi alimenter (peut-être), chez nos enfants, les rêves, le mystère, la fascination-répulsion et les initier à l’ambivalence du rapport à la sexualité.

    Mon avis :

    Il était une fois... selon DisneyJe trouve que Blanche Neige est pleine de fraicheur. Elle a des vertus, elle est bonne et pure. Elle ne tient pas rancune à sa méchante belle mère. Elle a un contact avec la nature et les animaux qui la conduisent dans la maison des nains.

    Cela montre aux enfants qu'il faut faire confiance que les aides arrivent toujours sur le chemin.

    Blanche neige tient la maison des nains à la perfection, elle exige la propreté. Cela montre aux petites filles qu'une maison bien tenue est plus agréable à vivre.

    Le mal est présent mais il ne réussit pas à supprimer Blanche Neige malgré la ruse car elle a gagné l'amour des nains qui la protègent.

    Je me sens un peu loin de l'analyse ci-dessus et je ne pense pas que les enfants y voient le symbole de la puberté, ni de la rupture avec la société. Pour moi ces contes présentent des vertus car les personnages sont beaux et ont de belles attitudes.

    Les adultes sont dans les analyses alors que les enfants n'ont pas perdu leur belle candeur et sont tout simplement émerveillés.

    V

    Source psychologies.com

     

    Il était une fois... selon Disney

     En complément de cet article : Ce que les contes nous racontent

    « Notre enfant intérieurCe que les contes nous racontent »
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