• Demander du nouveau

    Demandez du nouveau !

    Comme souvent, César était arrivé chez Jacques un beau matin, sans même le prévenir. Bougre d'homme, quand même ! Il avait sonné, sa petite valise à la main, juste pour dire bonjour. Et puis finalement, il avait accepté de rester quelques jours. Oui mais voilà, c'était le 30 décembre et Jacques avait prévu un petit réveillon chez lui, entre amis ! Comment faire pour convier le vieil homme à ce genre de soirée ? C'est en fin de matinée qu'il se résolut à en parler à son vieil ami :

    - Tu sais, ce soir, j'ai invité quelques amis pour le réveillon ! J'espère que cela ne te gêne pas ! J'espère aussi que tu resteras avec nous... lança-t-il, un peu gêné.

    Dis donc, César, c'est quoi pour toi le Nouvel An ?

    - Ah ça, mon vieux, c'est la fête du Nouveau pour tous
    les hommes ! C'est le moment de se demander : « Où est
    mon Nouveau pour cette année ? »

    Jacques fut surpris par la gravité de la réponse.

    « Tiens donc, pensa-t-il, ce n'est pas une fête ridicule
    pour lui ! » Comme une boutade, il crut bon de rajouter :

    - Dis, César, il va falloir te faire beau, ce soir! Est-ce que tu as tout ce qu'il te faut ?

    - Pour me faire beau, oh non ! Mais pour me faire laid,
    je n'ai pas besoin de grand-chose ! Avec l'âge, il vaut
    mieux savoir se faire laid que d'essayer de se faire
    beau, vois-tu !

    Jacques ne put s'empêcher de frémir à l'idée d'un réveillon avec César au milieu !

    Le soir venu, chacun arriva dans sa plus belle tenue. Et il lui fallut présenter à tous cet étrange personnage venu d'ailleurs, qui n'avait pour ceinture qu'une vulgaire ficelle à saucisson, pour chaussures d'horribles pantoufles volées à Jacques, et en guise de chapeau un abominable béret dans lequel il cracha, juste avant de le remettre sur sa tête, en guise de salutation. Ah le bougre, mais à quoi jouait-il ? Puis César, magnifique comme à l'accoutumée, joua au papi simplet aussi allègrement que Jacques et les invités jouaient à la bonne société.

    Quand vint minuit, ce fut l'heure des vœux, des embrassades, au moment du dessert. Et c'est là, au milieu de ce joyeux tintamarre, que César se leva soudain.

    Sa prestance et ses yeux malicieux imposèrent un certain silence inquiet.

    « Oh mon Dieu, pensa Jacques, que va-t-il encore se passer ? »

    - Vous êtes bien beaux, tous. Et je suis sans doute bien laid ! Mais je voudrais rendre hommage à mon père, qui crachait dans son béret, pour laver sa bouche et pour ne pas salir la terre au moment des vœux de bonne année. Il était beau, à sa façon ! Il nous disait alors : « Parce que votre demande crée, cela prendra corps. Mais il vous faut demander pour la nouvelle année. Tout se décide maintenant, tous vos meilleurs vœux. Demandez le Nouveau ! Demandez le "jamais vu" ! Inutile de demander le possible, demandez l'impossible !

    » Oui, tout se décide maintenant. Que vos vœux soient crachés dans vos mains, puis mis sur vos têtes, pour ne pas les oublier ! Bonne année...

     

    Extrait de "César l'éclaireur" de Bernard Montaud

    Source : CLES

     

     

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