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Communication animale : Le cadeau des animaux
© D.R.La communication animale est de plus en plus pratiquée ouvertement en France, mais reste un tabou pour le monde vétérinaire. Au-delà d’une simple « connexion » entre l’homme et l’animal, le phénomène révèle surtout une unité primordiale du vivant dont nous avons largement perdu le sens.
Ce jour-là, Muriel, dentiste équine, donne une conférence dans un haras sur sa pratique non-violente de la dentisterie. Après l’exposé, Muriel est sollicitée par une jeune fille pour venir voir son poney, tout près de là. Celle-ci est inquiète à cause de taches colorées sur la gencive de l’animal, mais glisse : « S’il dit quelque chose, je suis preneuse ». Muriel accepte et est habituée à ce genre de prétexte. Pour elle, la communication est un bonus, un « cadeau » que lui font les animaux et qu’elle restitue de la même façon, comme un cadeau. Hors de question de facturer la « prestation », donc. Et pourtant, quelle prestation !
« Ce sont eux les vrais médiums »
© Jocelin Morisson
Nouvelle relation à l’animal
En grande majorité des femmes, elles sont « sorties du bois » ces dernières années suite à la médiatisation du phénomène de la communication animale. L’engouement est venu des Etats-Unis, mais rares sont les communicatrices animalières à exercer ici leur art comme un métier à part entière. Désormais « être vivant doué de sensibilité », selon le Code Civil, l’animal change de statut mais aussi de mode de relation à l’humain. L’anthropologue Jérémy Narby note que « le point de vue occidental de ces derniers siècles sur les autres espèces a été de les considérer comme des objets, en niant qu’elles pouvaient être proches de nous et intelligentes ». Le mot « intelligence » lui-même se définit quasi exclusivement en référence à l’Homme, ajoute-t-il. Les choses changent. L’animal de compagnie n’est plus perçu comme un simple agrément mais comme un véritable compagnon, sensible, intelligent et souvent membre à part entière de la famille. Quant aux animaux que nous consommons, que nous exploitons pour leurs sous-produits, ou que nous enfermons dans des zoos ou des cirques, etc., la prise de conscience est rapide que cette relation doit changer. La pratique de la communication télépathique avec les animaux n’est pas étrangère à cette prise de conscience, mais celle-ci se développe, ou en tout cas se révèle aujourd’hui plus facilement, tout en restant dans une certaine marginalité. Contrairement à ce qu’on a pu croire ou espérer, le milieu vétérinaire reste majoritairement fermé à cette réalité, au motif plutôt surréaliste qu’il n’existe pas de preuves scientifiques d’une telle communication. Or, c’est précisément le désintérêt scientifique initial qui est à l’origine de cette absence de démonstration. Bref, un serpent qui se mord la queue et doit certainement dire « aïe ! » à qui veut bien l’entendre… Des recherches sont cependant en cours et deux thèses de doctorat vétérinaire ont déjà été consacrées au sujet.
Savoir accueillir l’autre
© D.R.
« Les vétérinaires restent fermés », confirme Sandie, éleveuse de chats de race dans le Gers et qui pratique elle aussi la communication animale depuis l’enfance. « Ils sont sur des connaissances très théoriques, même quand ils font de l’éthologie, du comportementalisme. Quand on leur annonce à l’avance une pathologie, cela les met mal à l’aise. En revanche, certains ostéopathes équins m’envoient des consultants car le travail est complémentaire. » Oui, quand l’ostéopathie est de type « énergétique », complète Florence-Emmeline, car l’ostéopathie uniquement structurelle reste « à mille lieues d’une médecine de l’esprit, et il est possible de faire plus efficace quasiment sans toucher », confie-t-elle.
Un art comme l’orfèvrerie
Comment l’information passe-t-elle ? Les communicatrices ne cherchent pas à rationaliser. « Les informations me traversent ; les choses m’arrivent très clairement, instantanément, explique Muriel. Je ne peux pas dire que ce sont des images, encore que c’est parfois le cas. Récemment un cheval m’a envoyé une odeur effrayante d’incendie, et effectivement il avait vécu un début d’incendie dans son ancienne écurie. Mais le plus souvent ce sont des idées qui m’arrivent, qui me traversent le corps et que je ressors en phrases humaines. » Pour Sandie, la faculté est naturelle : « Je pars du principe que c’est une capacité télépathique que nous avons tous mais que l’on enfouit, à cause de l’éducation, de l’acquisition du langage, etc. Il suffit d’observer un petit enfant, non verbal, avec un animal : il y a des regards, l’enfant regarde le chien et éclate de rire, le chien montre de l’empathie ; une complicité se crée entre les deux alors qu’il n’y a pas de langage parlé. » Il est connu qu’un des pièges de la communication est de prêter aux animaux des idées ou des concepts humains. « Ils ne fonctionnent pas comme nous et il faut les voir dans le respect de leur espèce, souligne Sandie. Il est dangereux de prêter à l’animal des intentions humaines. Ils sont en mesure d’avoir des émotions, de constater des choses, par contre ils ne sont jamais dans le jugement. Ils sont dans l’instant présent, l’amour inconditionnel, et ne font que constater des états de fait. » Cette faculté reste délicate et subtile, selon Florence-Emmeline : « Pour moi c’est un art comme l’orfèvrerie, et en stage je fais surtout travailler la notion de cœur et d’éthique car j’entends trop de monstruosités dans ce domaine. Des gens parlent au nom d’un être qui ne peut pas s’exprimer verbalement, en ne s’étant pas assez affranchis de leurs propres prismes émotionnels, croyances, etc. Alors ils projettent complètement et parlent pour eux-mêmes. C’est le problème du thérapeute qui ne se construit pas lui-même avant de soigner. Cela peut faire énormément de mal, à la personne à qui on retranscrit la communication, le gardien de l’animal, et aussi à l’animal. »
Plus évolués : eux ou nous ?
http://wakama-nagi.org
« L’animal a un rôle extraordinaire auprès de l’humain, mais il ne faut pas le voir comme plus ou moins évolué que nous, conclut pour sa part Florence-Emmeline. Il y a une notion de multidimensionnalité en chaque être et d’origine commune avec des teintes semblables et des teintes différentes en chacun. Les Hopis disent que les animaux sont venus des étoiles pour aider l’homme à grandir. La création prend bien soin de nous et franchement ils sont très patients ; c’est donc que l’on doit avoir une vraie beauté à l’intérieur quand même ! »
Pour aller plus loin, découvrez le documentaire INREES TV "Connexions : quand des enfants parlent aux animaux" !Source : www.INREES
Tags : Chiens, Chats, Chevaux
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